SAMEDI 30.11.91
Départ par le vol UTA de Nice à
01.25 avec 1 heure de retard , escale à OUAGADOUGOU vers 7h du matin.
Arrivée à ABIDJAN à 8h.
(décalage de 1H en moins)
A la descente d'avion , suffocation , il fait tellement chaud et
l'air est tellement humide qu'il nous est difficile de respirer
pendant quelques instants: Le ciel est gris , couvert de gros nuages
. On ne voit pas le soleil mais il fait chaud . Ce type de temps sera
constant pendant pratiquement tout notre séjour . Par contre
pendant la nuit le ciel se débarrasse des nuages et devient
plus clair.
A l'aéroport , comme nous l'ont dit les Robin ( nos hotes ),
nous cherchons désespérément le porteur n"1
que nous a recommandé ma s�ur ,sésame de
l'aéroport. I1 est celui qui doit pouvoir nous faire passer la
douane sans problème, pour gagner du temps , bien que nous
n'ayons rien d'illégale dans nos valises, simplement pour
gagner du temps.. N°1 est très difficile à trouver
car ils sont tous noirs !, et parce qu'il y a une cohue incroyable et
nous devons faire la queue pour passer les formalités de
police.
On nous demande où nous allons habiter . On répond chez
Robin Boite Postale 75 Abidjan . En effet il vaut mieux donner la
boite postale plutôt que l'adresse, paraît-il. C'est
Adrienne la première , qui repère le n"1 et nous lui
courrons après . I1 est tout petit et de plus handicapé
par une boiterie ce qui fait qu'il ne porte aucune valise. En fait il
s'occupe déjà de plusieurs voyageurs. Il me demande
"combien tu me donnes patron ?" ( patron c'est moi semble-t-il), et
je lui réponds comme on me l'avait dit :" c'est le patron qui
m'attend dehors qui te payera ".
Nous attendons nos valises sur le tapis roulant . Le temps passe..
Nous commençons à nous faire du souci. Peut être
nos bagages sont ils descendu à OUAGADOUGOU l'escale
précédente ? Pendant ce temps le n'1 virevolte d'un
client à l'autre. De porteur il n'a que le nom . I1 ne portera
rien car il a, à sa charge une bonne demie douzaine de
voyageurs qui chacun s'occupe de son chariot et de ses bagages. Pour
le moment , les autres attendent que nous ayons
récupéré nos bagages.
Enfin nous les avons , et comme un troupeau de moutons, le n"1 nous
rassemble pour nous diriger à la queue leuleu vers la
douane.
I1 nous indique le bon douanier: I1 lui dit quelques mots dans sa
langue maternelle (peut être que c'est son cousin ou son
frère . Pour le moment je trouve qu'ils se ressemblent tous ,
à part le poids et la taille !!) . Nous passons toujours sous
la conduite du n'1.
Juste avant la sortie nous tombons sur un uniforme . Stop ! . Douane
volante ! qu'il nous dit, et de poursuivre "c'est une surprise !".
Apparemment ce n'est pas un copain du n° l , et nous devons
ouvrir les valises avant de pouvoir continuer.
A la sortie Michèle et Alain nous attendent. Enfin des visages
familiers!
Nous embarquons dans la voiture , une 405 Peugeot , après
qu'Alain eu donné un royal pourboire au n'1 à qui nous
disons au revoir . Pour convertir des francs français en
francs CFA (monnaie de plusieurs pays africains, autrefois colonies
françaises) il faut multiplier par 100 et diviser par 2 (ex
l00Fr=5000 CFA) Pour l'opération inverse , diviser par 100 et
multiplier par 2 (ex 10000 CFA =200F).
Nous voilà sur la route conduisant de l'aéroport
à la maison des Robin .Dans le lointain nous apercevons de
beaux buildings modernes tandis que sur les cotés de la route
nous voyons des cabanes en bois en tôle , en plastique qui
traduisent une pauvreté évidente. La plupart des
voitures sont des Peugeot , Renault ou des voitures japonaises . Les
taxis sont des japonaises , tous de couleur orange.
Nous arrivons à la maison . Dans une rue sans trottoir , sur
les bas cotés il y a de l'herbe. Nous nous arrêtons
devant la grille qui est ouverte par un gardien .I1 s'agit d'une
résidence comprenant plusieurs immeubles et pavillons , qu'on
appelle ici une CONCESSION.
Michèle habite dans le premier immeuble , au premier
étage. Je tente de prendre les valises , mais c'est un autre
gardien qui les porte dans l'appartement I1 va falloir s'habituer
à se faire servir . La concession est constamment
gardée : 2 gardiens de jour et 2 gardiens de nuit . De plus
les locataires sont reliés par des appareils de radio
portables à un central de sécurité qu'ils
peuvent appeler en cas de problème . Des voitures de
surveillance circulent la nuit pour surveiller les concessions et
vérifier que les gardiens ne sont pas endormis. Bref ce n'est
pas très rassurant. La concession est bien entretenue .Des
beaux jardins . Des pelouses. Pas un seul papier par terre . Les
voitures sont garées sous des auvents. Nous sommes surpris par
le contraste de température dès notre entrée
dans l'appartements. La climatisation marche à fond et il fait
froid après l'étuve de l'extérieur. Nous sommes
accueillis par Suliman , le boy. Age de 28 ans il est originaire du
Burkina Faso
comme la plupart des boys . I1 n'y a pratiquement pas de boy
ivoiriens. Suliman est mince , 1,60 environ , vêtu d'un
pantalon et d'une veste blanche . I1 est de confession musulmane . I1
sait tout faire : la cuisine , le ménage , le repassage , la
lessive et j'en passe.
On n'a le droit de rien faire. Pour se faire soit même un
café il vaut mieux; lui demander la permission . Nous lui
avons apporté des antibiotiques car il a souvent des
infections dentaires et ici les médicaments sont chers et ne
sont pas remboursés.
En Cote d'Ivoire tous les médicaments sont en vente libre sans
ordonnance . Leur prix; est doublé par rapport à celui
de la France, mais on trouve pratiquement les mêmes
médicaments qu'en France. Avant notre départ j'ai
confectionné une petite pharmacie avec des produits pour la
diarrhée , les infections , les douleurs etc.. sans oublier le
produit antipaludéen que nous devons prendre chaque semaine.
Nous avons aussi pris des produits contre les moustiques africains et
pour se protéger du soleil. Suliman est très
gâté par ses patrons paraît-il. Il arrive le matin
à 7h30 et quitte vers 14 h pour aller apprendre à lire
et à écrire le français dans une école
aux frais de Michèle et Alain . La plupart des autres blancs
gardent leur boy jusqu'à 21 ou 22h. Lorsqu'il est malade
M&A lui paient ses frais médicaux. I1 mange le même
repas que ses patrons alors que d'autres obligent leur boy à
apporter leurs repas. Enfin il est payé 1`equivalent de 600
Fr. par mois , soit le double du salaire minimum.
Il n'a qu'une seule femme et n'a pas l'intention d'en prendre
d'autres. I1 a un petit garçon. I1 est aux petits soins avec
nous , nous propose des rafraîchissements , il fait une lessive
par ,jour. Il est très sensible .
Quand quelques jours plus tard Michèle et Adrienne resteront
un jour au lit à cause d'une diarrhée avec
vomissements, il en perdra l'appétit, ne mangera pas à
midi et il oubliera complètement d'assaisonner la salade. I1
fera même des prières pour que les femmes des patrons
guérissent vite . Moi j'ai quand même
préféré leur donner des médicaments pour
être plus sûr.
L'appartement est vaste . 4 chambres à coucher . 4 salles de
bain Salon et salle à manger . Seulement 2 chambres sur 4 sont
meublées puisque habituellement il n'y a que M&A qui sont
là. Le mobilier est en rotin, made in Cote d` Ivoire ,
très agréable et joli .La cuisine est très
succincte . Le strict minimum , et surtout c'est une véritable
étuve car il n'y a pas de climatisation dans cette
pièce. Dans le reste de l'appartement il y a un système
de climatisation centrale .
Le premier étage de l'immeuble . Au dessous vit un couple dont
le mari travaille à la société des eaux. Au
dessus un couple dont le mari travaille avec Alain à la CIE
(compagnie ivoirienne d'électricité).
La CIE appartenait à l'état ivoirien. Elle a
été privatisée à 49% et rachetée
EDF et la compagnie BOUIGUE. La privatisation est la
conséquence d'un déficit de plusieurs milliards de
francs CFA dû à une très mauvaise gestion . Alain
a donc été détaché avec d'autres
personnes pour mettre au point un système informatique de
gestion comptable . I1 n'existe pas de paiement par chèque et
encore moins de prélèvement automatique . Chacun doit
donc venir payer sa facture en espèce à une caisse , et
comme tout le monde attend le dernier moment et qu'il y a peu de
centre de paiement , je vous laisse imaginer la pagaille au guichet.
Il y a aussi des collecteurs qui vont sur place encaisser et il n'est
pas rare qu'ils disparaissent avec la recette . Le plus mauvais
payeur est l'état et ses différentes administrations
qui doivent des sommes phénoménales.
La compagnie est dirigée par un africain , et il n'y a qu'une
poignée de blancs qui participent. Mais il y a beaucoup de
jalousies de la part des africains qui se sont vus
rétrogradés dans leur poste et leur
responsabilité vis à vis des blancs.
Nous sommes donc à l'appartement. Nous vidons nos valises et
rangeons nos affaires avant de prendre une bonne douche après
nos 7 heures d'avion . Comme il y a un peu de buée dans la
salle de bain j'entrouvre la fenêtre pour aérer . Erreur
qui peut être fatale.
Michèle m'apprend que sur une serviette humide la
mouche de KAYOR
peut venir pondre ses �ufs , et qu'en m'essuyant la prochaine fois je
risque de me retrouver avec un ver de KAYOR. L'�uf
pénètre sous la peau et commence au bout de quelques
jours à former un gros bouton duquel sortira une grosse larve.
Du coup j'ai bien vérifie la fermeture de la salle de bains
à chaque fois.
Comme Alain ne travaille pas aujourd'hui nous profitons de sa voiture
pour aller faire un tour au marche de COCODY . Marché pour
touriste situé dans une partie assez residentielle d'Abidjan
(voir plan). Dès notre arrivée nous sommes assaillis
par des jeunes enfants qui nous proposent de surveiller la voiture .
Puis par d'autres qui essayent de nous vendre , montres , figurines ,
ceintures , colliers etc. Nous entrons dans le marché qui se
trouve sous un abri et sur 2 étages. C' est un
véritable labyrinthe où nous progressons en file
indienne en tachant de garder le contact avec le
précèdent pour ne pas se perdre. L'espace est restreint
et il est difficile de se croiser. De chaque coté des
étales . Tissus . Bijoux; . Ivoire . Cuir .bois
d'ébène .... et à chaque fois nous sommes
interpellés par les vendeurs pour venir voir la marchandise .
Michèle salue tout le monde , apparemment elle est
déjà venue plusieurs fois ici . Elle nous conduit dans
les endroits les plus intéressants et commence à
marchander . Il n'est pas rare d'arriver au dixième du prix
demandé au départ . Et cela d'autant plus facilement
qu'on se trouve près de la fin du mois , moment des
échéances. Ils sont alors même près
à vendre à perte.
Mais aujourd'hui nous sommes venus seulement visiter et regarder.
ABIDJAN
COTE D '
IVOIRE
Nous promettons que nous reviendrons pour acheter. Les ivoiriens sont
gentils , ils sourient beaucoup , ils ne sont pas agressifs , et
acceptent nos arguments. Ils nous appellent "patron" ou "le vieux" pour les hommes , et
"maman" ou
"tatie" pour les
femmes. De plus , les vendeurs de ce marché connaissent
Michèle qui pour être équitable achète
chez l'un ou l'autre alternativement. En fin de compte ils ont la
même marchandise et les mêmes prix:;. Après 1
heure de promenade nous ressortons à l'air libre car à
l'intérieur de ce marché , le mariage de la chaleur et
des odeurs ne font pas très bon ménage. De retour
à la voiture nous sommes de nouveau assailli par une
nuée de "gardiens" de la voiture , et ce sera celui qui sera
le plus près d'Alain qui recevra le pourboire faute de savoir
qui a gardé la voiture.
Ce jour là , a lieu le marathon d'ABIDJAN et à un feu
rouge nous arrêtons la voiture. Nous descendons puisque de
toutes façons nous ne pouvons continuer. 700 participants
ça fait du monde à voir défiler avec des
accoutrements des toutes sortes et de toutes les couleurs
En short . En pantalon . Des noirs . Des blanc (très rares) .
Tout - le long de la route , on distribue des sortes de berlingots en
plastique transparent contenant de l'eau glacée aux
concurrents qui en veulent. Lorsque nous pouvons enfin passer , nous
revenons à la maison en passant devant la cathédrale
d'Abidjan , très moderne construite par une
société Israélienne , que nous
aurons l'occasion de visiter plus tard. Du point de vue religieux:; i
1 y a 30% de musulmans . 15% de catholique et le reste est constitue
par des croyances locales . Malgré tout les musulmans et les
catholiques restent aussi animistes . Par exemple le président
HOUPHOUET BOIGNY
qui a fait construire la Basilique de
Yamoussoukro en pleine brousse et qui est
donc catholique , il a 91 ans sera enterré paraît-il sur
100 crânes qu'il faudra trouver . II y a ainsi des gens qui
sont entretenus toute leur vie et qui savent qu'ils mourront en
même temps pour fournir les crânes . C'est la même
chose pour les chefs de village qui ont droit aussi a une
sépulture spéciale.
Le soir A&M nous invitent dans un restaurant "La
chaumière" où nous mangeons des langoustes
grillées à bon marché. Bien sûr devant le
restaurant nous trouvons les inévitables gardiens . C'est une
grande cour avec des îlots recouverts de chaume sous lesquels
se trouvent les tables .
DIMANCHE 01.12.91
Le changement de lit , la chaleur , les oiseaux
bruyants du matin font que le réveil est matinal . Depuis le
salon on aperçoit par la grande baie vitrée les grands
arbres du jardin , puis la rue . Peu de voiture. Surtout des
piétons marchant d'un pas nonchalant . I1 est 6h30 du matin .
Les arbres bougent sous le vent. Dans l'atmosphère
fraîche de la maison j'imagine , en ouvrant la porte
fenêtre , qu'il fait bon dehors sur le balcon . Au contraire la
chaleur est étouffante des que je sorts. Aussi chaud que la
veille dans la journée . De l'autre cote de la rue , il y a
une cour d'école , une échoppe constituée d'une
cabane en bois avec un toit en tôle ondulée, puis
quelques autres habitations en dur ou en boue séchée
.c'est difficile à dire. De la cabane je vois de temps en
temps sortir ou entrer quelqu'un . L'échoppe a 2
entrées dont une doit être le cote habitation (elle ne
doit pas faire plus de 6 m2 au total . Devant la porte un homme fait
ses ablutions . I1 se lave les pieds , les mains et la figure
à plusieurs reprises avec l'eau qu'il récupère
d'une bouilloire. Puis il étale un tapis oriente vers l'est et
commence ses prières.
Un autre sort de la cabane vêtue d'une grande robe , traverse
la rue pour venir de notre coté. I1 s'accroupit dans l'herbe
et à l'abri de sa robe fait ses besoins . Comme il fait cela
accroupi ,j'imagine qu'il fait autre chose que pipi. Au loin on
aperçoit plusieurs buildings ultra modernes de plusieurs
dizaines d'étage . Comme ils sont proches les uns de autres ,
il est facile d'en contrôler le parallélisme qui
à mon humble avis laisse à désirer ! Sur l'un
des buildings il y a une grande enseigne lumineuse dont seulement 3
lettres sur 7 sont allumées. A notre départ il n'en
restera plus qu'une seule.
Aujourd'hui dimanche nous allons à la plage . Départ
vers 10heures Nous prenons le long de l'océan vers l'est . Sur
cette route la circulation est assez importante . Ce sont des gens
qui vont sans doute à la plage. A un certain moment il y a sur
notre droite une presqu'île séparée de nous par
une lagune . Nous quittons la route principale et empruntons une
route non goudronnée , chaotique qui court le long de la
lagune. I1 faut faire du gymkhana pour éviter les grands trous
laissés par les dernières pluies. De chaque coté
il y a des palmeraies sous lesquelles on aperçoit de temps en
temps des concessions indigènes. Une concession est
constituée par une ou plusieurs cases en terre
mélangée à de la paille ou en bois. Le toit est
fait de joncs brun foncé , et le tout est entouré par
un muret en joncs qui délimite la concession.
Ça et là déambulent des gens endimanchés
, multicolores . Plus loin nous nous arrêtons devant un
attroupement et nous descendons de la voiture . C'est la
réunion d'une secte
Harris . Sur une estrade une meneur avec
des tam-tam fait chanter la foule qui danse en même temps.
Nous poursuivons notre chemin et rejoignons la route principale
à GRAND BASSAM. C'est une ville fantôme en quelque sorte . De
grandes bâtisses de 2 ou 3 étages qui avaient dû
être très cossues avec un toit en tuile rouges. Des
balcons partiellement fermés faisant tout le tour à
chaque étage. De grandes baies . Aujourd'hui pratiquement en
ruine et à l'abandon. Grand Bassam fut la première
capitale de la cote d'ivoire jusqu'au début du siècle
Ce statut de colonie française date de 1893 . C'était
une ville florissante et riche avec une activité portuaire
importante (port Bouet) . Par la suite Bingerville devint la capitale.
Nous accédons a la plage
d'Assinie par des petites routes
noyées dans la verdure. La plage est aménagée .
De grands abris recouverts de joncs abritent les tables d'un
restaurant . I1 y a des chaises longues pour se bronzer . Nous
retenons une table et nous laissons nos sacs sur les bancs. Nous
commandons notre repas pour 13h30.
La plage est en sable blanc , profonde d'une quarantaine de
mètres. Le sable est brûlant pour nos pieds fragiles De
chaque coté la plage s'étend a perte de vue . La mer
est parait-il à marée haute . Les vagues sont
conséquentes . Nous nous trempons d'abord . 26° . Puis
nous allons nous promener le long de la plage en direction de l'est ,
non sans nous être prudemment tartinés de crème
auparavant.
Nous longeons d'abord un club
Méditerranée italien , puis
un kilomètre plus loin le club français. Nous marchons
dans l'eau pour nous rafraîchir bien qu'avec le vent du large
la température soit plus supportable . Le ciel est toujours
charge de gros nuages comme à l'accoutumée .Nous
découvrons des squelettes d'oursin d'une forme
particulièrement attrayante. I1 s'agit d'une plaque ronde
très dentelée sur les bords , avec quelques trous par
ci par là , et de couleur gris vert . Nous les collectionnons
tout au long de notre randonnée. De retour a notre point de
départ , nous allons nous baigner . La mer est assez
agitée et parcourue de courants très dangereux . Avec
Alain nous nous avançons un peu tout en ayant pied. Je me mets
a nager parallèlement à la plage . Quelle n'est pas ma
surprise de voir que j'ai tendance à dériver vers le
large et de faire du surplace en essayant de lutter contre le courant
. Heureusement Alain me tend le bras et m'aide , non sans
difficultés , à revenir près de lui . Un peu
plus tard , le même jour , un jeune coopérant militaire
sera sauvé de justesse sous nos yeux par un groupe de
pêcheurs ghanéens qui mettront une pirogue à
l'eau pour aller le chercher . Nous voici maintenant attablés
pour manger . Des amis de M&A nous ont rejoins entre temps .
Des enfants africains portants des plateaux; d'ananas sur la
tête en parfait équilibre , essaient de nous vendre leur
marchandise . Des mauritaniens faciles à reconnaître (
fins et grands , vêtus de leur gandoura et de leur turban )
vendent des sabres et des objets en cuir Nous achetons après
un long marchandage une boite à bijoux ronde en cuir de
chameau repoussé .
Vers nous quittons la plage et prenons le chemin du retour en restant
sur la route principale qui mène à Abidjan Nous nous
arrêtons d'abord à l'entrée de Grand Bassam pour
acheter des ananas .
Tout le long de la route , toujours sur le coté droit , le
matin d'un cote et le soir de l'autre , pour toujours être du
bon coté de la circulation des dizaines de vendeurs d'ananas.
Les uns avec des bidons de récupération , les autres
directement à même le sol , à peine
espacés de quelques mètres . Alain nous arrête
devant son marchand favori , un travesti. C'est une jolie femme
grande et mince , bien maquillée et avec beaucoup de bijoux.
Mais quand elle parle c'est avec une voie de basse qui vous
déconcerte. Nous achetons 8 ananas pour 8 francs . Prix
défiant toute concurrence? Plus loin à la sortie de
Grand Bassam , des échoppes en planche ou en bambous longent
la route des 2 cotés . Nous faisons un autre arrêt , et
Alain qui est un grand amateur de coquillages et de
coléoptères , va voir un de ses fournisseurs . Pendant
ce temps nous nous baladons. Comme les marchandises sont pratiquement
les mêmes d'un vendeur à l'autre , je tombe en
arrêt devant des très jolies fleurs qui ornent une
branche qui sort du sol. J'interroge un africain qui est dans les
parages , qui me répond que ce n'est que le tuteur de la
plante qui se trouve à coté. I1 parait que même
les poteaux télégraphiques poussent dans ce pays.
J'aurai l'occasion de le vérifier par moi même plus
tard.
Ce soir , 1er jour de
Hanouka , nous sommes invités
à l'ambassade d'Israël pour l'allumage de la
première bougie . Nous nous y rendons vers 10 heures . La
réception à lieu dans le jardin. Beaucoup de monde. I1
fait très lourd . Nous quittons vers 22h pour aller nous
coucher.
LUNDI 02.12.91
Aujourd'hui Alain reprend le travail et c'est
Michèle qui nous prend en charge . Elle n'a pas de voiture .
Le prix d'un 2ème voiture est prohibitif ( le double de son
prix en France ) et les taxis ne sont pas chers . Nous
décidons d'aller dans le centre. Comme à chaque fois
que nous quittons la maison pour prendre un taxi , nous demandons
à l'un des gardiens de nous en appeler un. Pour cela il va se
poster à un croisement à une centaine de mètres.
Là il y a plus de circulation pour en trouver un. Quelqu'un a
paraît-il essayer de monter un service de taxis appelés
par téléphone. En vain , car le taxi pouvait
très bien arriver 1 ou 2 heures plus tard , suivant que le
chauffeur rencontrait un ami en route. Un taxi c'est comme la loterie
. Cela dépend de l'état des sièges , de la
mécanique , et de l'habileté du chauffeur sur lequel on
tombe . Quelques fois il vaut mieux refuser et en demander un autre .
Dans certain taxi on a l'impression être assis directement sur
les roues.
Nous allons dans le centre ville , dans le quartier des 2 Plateaux. Nous
confirmons notre retour avec l'agence de voyage. Puis nous nous
baladons. Les rues sont sales , les trottoirs commencent à
être envahis par la végétation. Ici et là
des chantiers à l'abandon. Bref rien n'est entretenu. Nous
entrons dans un Monoprix climatisé . Là on trouve de
tout , mais à un prix dissuasif pour les africains . Produits
importes de France tels qu'on peut les voir ici. En sortant
Michèle manque de se faire décapiter par la porte
coulissante automatique .De toute évidence le système
électronique de la porte est déréglé.
Nous reprenons un taxi pour rentrer à la maison . A 500
mètres de notre but , nous sommes arrêtés et
contraints de quitter le taxi à cause d'un accident qui bloque
la circulation . Ici au moindre accrochage , on ne bouge plus. On va
chercher la police . Comme il n'y a pas de téléphone
public on y va à pied et ça peut prendre un certain
temps . J'ai toujours du mal à comprendre les africain
lorsqu'ils parlent en français. J'ai compris qu'il y avait un
accouchement alors qu'il s'agissait d'un accrochage , qui prononce
à l'africaine ressemble à accouchement . Bref nous
prenons nos emplettes et nous rentrons à pied à la
maison sous une chaleur accablante.
Nous attendons une amie de Michèle , Dominique , qui doit tous
nous emmène cet après midi à TRECHVILLE un autre quartier
d'Abidjan. Elle déjeune avec nous .
Parlons d'Abidjan. Ce n'est pas la capitale de la cote d'Ivoire ,
mais la plus grande ville et le centre économique du pays.
Plus de deux millions d'habitants. Cette ville est construite sur une
lagune ( lagune d'Ebrie . Voir plan). C'est aussi un port marchand ,
la lagune ayant été reliée à
l'océan par un canal. C'est le centre administratif C'est un
contraste de modernisme et de pauvreté. La ville est
partagée en plusieurs quartiers. Le plateau. Les 2 plateaux,
Koumassi .
Adjamé .
Cocody .
Treschville.
Le Banco
....
La lagune est parcourue par des courants sans doute dus à la
marée. Elle est constamment recouverte d'îles flottantes
constituées de sorte jonquilles , qui se déplacent au
gré des vents et des courants. I1 n'y a que 2 ponts qui
traversent la lagune entre 2 plateaux et le port , et quelques bacs
.
Dominique n'est pas un modèle de calme. De plus elle sort
d'une récente crise de paludisme. C'est un paquet de nerf , ce
qui n'est pas fait pour nous relaxer pendant le trajet de la maison
jusqu'à Treschville. Elle s'énerve aux embouteillages ,
parle beaucoup en conduisant , mais nous amène à bon
port. Nous sommes partis à 2 voitures , l'autre étant
celle de Jean Pierre , un collègue d'Alain dans laquelle
Michèle a pris place. Bien sûr , nous ne les trouvons
pas au rendez vous. Nous laissons la voiture sous la garde d'une
nuée de gamins qui ne manqueront pas de réclamer leur
pourboire , et nous partons à pied à leur recherche .
Nous les trouvons. Nous allons acheter chez un libanais quelques
mètres de tissus de couleurs différentes pour moi et
pour Jean Pierre pour nous faire faire des pantalons. Puis nous
allons avec Michèle pas loin de là , dans une ruelle
encombrée d'ordures ménagères , dans un petit
hangar qu'occupe un tailleur. C'est très vite fait , il suffit
de s'entendre sur le prix du pantalon et de lui laisser le tissu et
un ancien pantalon qu'il copiera . En fin de compte chaque pantalon
nous reviendra à 100frs , marchandise comprise. Les pantalons
seront prêt dans 4 jours
L'étape suivante est le marche de Treshville . Là
encore une grande bâtisse en dur de 2 étages dans
laquelle sont entasses toutes sortes de négoces . C'est pire
que le marche de Cocody . Plus sale. Plus odorant. Plus sombre. Plus
étroit. Plus chaud. Bref pire . Là encore
Michèle a ses entrées. Elle est dejà venue et
connaît les lieux. Elle lance de temps en temps un bonjour
à un africain . Elle nous emmène directement chez les
marchands qu'elle connaît , sinon on en aurait pour plusieurs
heures . Nous marchons comme d'habitude 'en cordée' afin de ne
pas nous perdre . Cela me rappelle une description des bas fonds de
Macao . Nous achetons 2 ou 3 bricoles et je tarde à sortir
à l'air libre . Dehors l'atmosphère nous semble un
paradis de fraîcheur malgré les 25°.
Nous reprenons un taxi pour aller , toujours dans le même
quartier , dans un magasin d'exposition d'art africain chez
Monsieur Ferrari
. Nous ne sommes plus que trois maintenant. Dominique et Jean Pierre
nous ayant quittés à la sortie du marche. Nous passons
un moment très agréable et très
intéressant . Une vendeuse très férue d'art
africain nous montre et nous apprend beaucoup de choses . Les
tabourets , les repose tête , les planches à laver , les
échelles , les masques etc... En fait chaque objet a soit une
utilité dans la vie de tous les jours soit il est le symbole
de quelque chose.
Retour à la maison , toujours en taxi . Le soir nous devons
aller avec des amis à l'hôtel
Ivoire , pour prendre un pot et ecouter un
orchestre de Jazz . I1 s'agit du un couple Marie Hélène
et Claude qui étaient hier à la plage avec nous.
L'hôtel Ivoire est très beau et il devait être
encore plus beau auparavant. I1 correspondrait à un
hôtel 4 étoiles en Europe. Malheureusement l'entretien
laisse à désirer , car même le nom de
l'hôtel est en train de se décrocher du mur. De plus
comme il y a très peu de touristes , il ne doit pas y avoir
beaucoup de clients à devises étrangères.
Néanmoins c'est le plus bel hôtel et la fierté
d'Abidjan. L'orchestre ne joue pas ce soir et nous décidons
d'aller à Wafou. C'est un hôtel lacustre situé sur la route
de l'aéroport. Manque de chance le bar est ferme le lundi.
Nous en sommes donc réduit à nous balader , et à
visiter l'hôtel. Chaque chambre est constituée par une
case montée sur pilotis , sur la lagune. Elle comporte un
salon et une chambre à coucher , avec un escalier pour aller
sur le balcon au dessus , d'ou l'on pourrait largement s'installer
pour pêcher à la ligne. C'est mignon. Mais un peu
excentre par rapport à la ville. En désespoir de cause
nous finissons la soirée chez nos amis , puis nous allons nous
coucher.
MARDI 03.12.91
Ce matin , levés tôt car à 8
heures. On vient nous chercher pour une visite du quartier
d'Adjamé.
Nous avons reçu la consigne de ne pas mettre de montre , de ne
porter aucun bijou , et de ne pas prendre d'argent à part
quelque menue monnaie. Notre guide est Françoise Bamba. Elle
habite en Cote d'Ivoire depuis 15 ans. elle est mariée avec un
africain (mamadou) , professeur d'histoire à la faculté
d'Abidjan , et qu'elle avait connu en France lorsqu'il faisait ses
études à Dijon. Elle est à la fois
infirmière et cuisinière. Elle travaille à
l'hôpital de Treshville que nous devrions visiter aussi. C'est
une grande et forte femme , les cheveux bruns très courts
à la mode africaine , avec une personnalité
extraordinaire. Autoritaire , elle ne passe pas inaperçue. Sa
voiture jaune une Lada doit avoir déjà fait 2000000 km
au moins. Pour l'occasion elle la faite nettoyer par son boy. Nous
voilà donc partis , Michèle à l'avant et nous
deux à l'arrière , cramponnes là où l'on
peut. II faut dire que Françoise aime bien avoir une route
dégagée. Tout en klaxonnant et en faisant du slalom
entre les piétons , les voitures , les animaux. , elle ne
manque de donner de la voix en sortant la tête par la
fenêtre pour se frayer un passage.
A un certain moment , coup de frein brutal . Au moins les freins
marchent !. Elle a évite de justesse un enfant qui traversait
soudain la route. Nous apprendrons plus tard que si nous l'avions
touche , elle ne se serait surtout pas arrêtée. Elle
aurait continue pour aller au poste de police le plus proche , car
nous aurions pu nous faire lapider. Malgré tout notre
chauffeur respecte les feux. Quelques fois ceux ci sont tellement
sales qu'il faudrait descendre et les nettoyer pour savoir s'ils sont
au rouge ou au vert. En passant nous apercevons un magasin de plaques
minéralogiques de voiture avec déjà leur
numéro et apparemment à vendre ! Je n'ai toujours pas
compris qui les achète !.
La circulation est moins dense , nous sommes maintenant dans la
verdure. C'est le quartier du
Ganco. Nous croisons des africains portant
des énormes ballots de linge sur la tête. Ce sont les
laveurs de linge. Plus loin nous garons la voiture et nous grimpons
sur un talus. De là nous voyons une nuée de laveurs
à l'ouvrage dans une grande mare , remplie de mousse de savon.
L'eau n'a pas l'air très courante. Lorsque le linge est lave
et rincé , ils vont l'étendre sur l'herbe pour le faire
sécher , et cela forme une sorte de puzzle multicolore sur
fond vert.
Nous quittons les laveurs du Banco en direction de Bingerville qui se trouve
à quelques kilomètres de là. Au passage nous
pouvons voir l'hôpital de
Youkoubo moderne et relativement
récent , mais qui n'a pas malheureusement beaucoup de malades.
Les n'ont pas les moyens financiers nécessaires et il n'existe
pas de couverture sociale.
Bengerville
n'est pas en bordure de mer mais sur région vallonnée.
Ici comme à Grand Bassam on peut voir que la ville a eu son
heure de gloire. Elle était devenue la capitale du pays
après la décadence de Grand Bassam. C'est une ville
avec beaucoup de verdure, entourée de palmeraies bien
ordonnée et de plantations de bananes.
I1 abrite une sorte d'école des beaux arts africain
fondée par un artiste européen (Combes) , qui a laissé un
certain nombre de sculptures , visibles dans le musée de
l'école. Visite très intéressante du
musée. La plupart des sculptures représentent des
visages. Plus loin , sous un auvent en bambou se trouvent des
étudiants qui travaillent le bois. L'un sculpte un visage
tandis qu'un autre sculpte une canne magnifique. Les artistes
travaillent avec des outils très simples. Nous quittons
Bengerville pour le clou de notre sortie . Le marche
d'Adjamé.
Le marche de Treshville , c'était de la 'bibine' , de l'eau de
rose. Le marche d'Adjamé , ça c'est un marché.
Pour y arriver il faut déjà se faufiler dans les
ruelles entre les tas d'ordures juxtaposant les étalages des
marchands. I1 faut garer la voiture dans une ruelle en faisant un
créneau entre deux tas d'immondices. Sortir de la voiture en
essayant de ne pas mettre le pied n'importe où et surtout de
ne pas glisser. Dès qu'on sort , l'odeur vous prend à
la gorge. Mais que sommes nous venus faire dans cette galère
!. En file indienne nous suivons Françoise comme des canetons
suivent leur maman cane de peur de la perdre. I1 est vrai qu'avec sa
taille elle est facile à repérer. Mais on ne sait
jamais !. Le marché occupe le versant d'une petite colline.
Nous progressons en montant le long d'un chemin étroit et
glissant. Quelques fois il faut escalader un petit muret.
Au pied de la colline ce sont les fruits et les légumes. Les
fruits pourris jonchent le sol. On vend du tamarin plante laxative
avec laquelle on fait la Tamarine qu'on trouve en France dans les
pharmacies. Plus haut ce sont les viandes et les poissons. Là
le baromètre de l'odeur fait un bond en avant. C'est horrible.
La viande de rat de palmier , cuite ou crue , sur laquelle les mouches et autres
insectes s'en donnent à c�ur joie. Le poisson sèche.
Une sorte de breuvage de couleur marrons dans lequel une femme trempe
une sorte d'écuelle pour servir les amateurs. On
accélère le pas derrière maman cane. Tout en
haut du marche ce sont les tissus et la quincaillerie.
Nous avons des angoisses à la pensée qu'il va falloir
faire le chemin inverse pour retourner à la voiture ! Et nous
n'y coupons pas. Sur le chemin du retour Françoise
récupère les fruits et légumes qu'elle avait
achète à l'aller et laisser chez le marchand. Nous
retrouvons la voiture avec joie. Nous n'avons pas vu un seul blanc ,
à croire qu'il faut être un peu fêle pour venir se
promener ici. Faire demi tour dans cette ruelle avec la voiture c'est
"mission impossible". Continuer tout droit , c'est une impasse. C'est
donc toujours en donnant de la voix que Françoise se fraie un
passage en marche arrière jusqu'à la route principale.
Nous poussons un ouf de soulagement.
Retour vers 11 heures à la maison par des chemins
détournés car parait-il il y a des manifestations en
ville.
C'est confirme ! la société de sécurité
et de surveillance demande aux; blancs de rester chez eux à
cause des manifestations en ville. Les députés doivent
voter une loi pour limiter une certaine liberté de presse
L'opposition veut les empêcher d'arriver jusqu'à la
chambre des députés. A la maison nous ne sommes pas
très rassurés. Nous essayons de ne pas en parler. A
cause de cela , Alain comme beaucoup de ses collègues ne peut
pas rentrer manger à midi. I1 nous téléphone.
Les gens se rassurent entre eux; en s'appelant. Les mères
essaient de récupérer leurs enfants à
l'école pour les ramener à la maison. Ce soir nous
devions aller jouer au bridge ; tant pis nous n'irons pas. Vers 18h
j'allume la télévision. Il y a 2 chaînes. Mais
les programmes sont pratiquement du même type et de la
même qualité. Constamment il y a des modifications de
luminosité de l'image. Le volume sonore augmente ou diminue
sans crier gare. Quelques fois il n'y a plus de son du tout. Le soir
à 20 heures , le journal télévisé
précède chaque fois par une maxime du président.
Portrait du président avec en fond , lecture de la maxime du
jour Les autres programmes sont surtout des jeux qui se veulent
éducatifs.
Le jour de l'indépendance qui eut lieu le 7 décembre le
présentateur annonce les festivités du 2lème
anniversaire. Un peu plus tard c'est le 20ème anniversaire. Ce
n'est qu'en fin de soirée qu'on aura le bon chiffre.
En fin d'après midi , nous apprenons par le
téléphone , que les routes sont dégagées
et que la manifestation a été dispersée. M&A
qui sont invités à une soirée , nous
déposent en voiture chez Danielle et Christian où nous
passons la soirée à jouer au bridge.
MERCREDI 04.12.91
Départ de la maison vers 10 heures pour le
marche de Cocody. En chemin nous nous arrêtons à la
villa de Christiane Laurent qui s'est spécialisée dans
la confection de bijoux africains. Nous achetons un très joli
collier pour Adrienne en perles africaines. Nous allons comme
prévu au marche de Cocody , où Adrienne doit se faire
faire des chaussures en iguane sur mesure avec le sac assorti. Comme
d'habitude nous sommes assaillis par les vendeurs. Nous nous rendons
directement chez le cordonnier. La procédure est simple. On
choisi sur un journal de mode français le modèle de
chaussure. On choisi la couleur. On pose les pieds sur une feuille de
papier Un listing informatique et avec un crayon on dessine
l'empreinte des pieds. Et c'est tout. Et le plus beau c'est que
ça marche. Faute de papier d'emballage ou de journaux; , les
vendeurs utilisent du listing
informatique qui peut venir d'une
administration ou d'une banque. Vous pouvez donc prendre connaissance
du compte bancaire de Mr X ou Mme Y sans problème.
Génial !. Les chaussures et le sac seront prêts dans 4
jours. Nous avons rendez vous avec Alain vers midi pour
déjeuner en ville. Un nouveau taxi nous emmène au
centre ville où se trouve son bureau dans l'immeuble de la
CIE. Avec Jean Pierre nous allons déjeuner dans un restaurant
à l'enseigne du 'Vatican'. Très prudemment je commande
du riz et du poulet car depuis maintenant 2 jours , je
présente le syndrome de la 'tourista' bien connu au Mexique.
Nous sommes la seule table occupée dans ce restaurant. Au
retour , nous avons décidé d'aller faire une ballade
organisée en bateau sur la lagune à 15h. A
l'embarcadère nous apprenons que si nous ne sommes que 2 nous
devrons payer pour 5 , car le bateau ne part pas avec moins de cinq
passagers. nous acceptons car ce n'est pas très cher. Entre
temps arrivent 22 italiens accompagnes d'une religieuse. Nous
voilà partis.
Nous longeons d'abord le port marchand , puis nous allons jusqu'au
canal qui relie la lagune à l'océan. Comme la
marée est montante nous voyons nettement avancer la vague de
la marée. Puis nous arrivons dans un endroit de la lagune qui
est un cimetière de bateaux; carcasses de bateaux; à
moitié submergés , dont il ne reste que la coque et les
mats. De là nous allons vers l'île Boulay où une
courte escale est prévue pour nous permettre de nous
désaltérer. Nous accostons. L'endroit est
laissée à l'abandon. Comme le bistrot du coin n'a pas
été approvisionne en glace il n'y a rien de frais. I1
n'y a pas d'électricité , donc pas de frigo. Ce qui
devait être une piscine n'est plus qu'un trou où sont
entasses des morceaux de bois et des branches. Un quart d'heure plus
tard nous reprenons le chemin de l'embarcadère de
départ.
Avec un taxi nous revenons vers la maison. Comme la cathédrale est encore
ouverte nous nous y arrêtons pour la visiter. Elle est
très moderne et bien entretenue. Son architecture est
intéressante. Le bâtiment est relie par des gros
câbles à une grande croix en haut de laquelle se trouve
le clocher. On a l'impression que la croix tire le bâtiment
comme un cheval tire une charrette. Le tout est de couleur blanche. A
l'intérieur le plancher descend en pente douce comme dans un
théâtre. Les vitraux sont très modernes et les
paysages sont des paysages africains. Des femmes qui s'agenouillent
pour prier la vierge , enlèvent d'abord leurs chaussures pour
être pieds nus.
I1 est 18h nous rentrons à la maison à pied.
JEUDI 05.12.91
Comme on a pu le constater jusqu'à
maintenant , nous n'avons pas chôme. Aujourd'hui Adrienne a
demande une journée de répit pour
récupérer , d'autant plus que demain nous devons partir
en brousse vers le nord du pays. Journée calme donc. Le matin
je regarde une vidéo. L'après-midi j'accompagne Alain
à son bureau et vers 16H
Michèle vient me chercher pour aller faire des courses.
VENDREDI 06.12.91
Lever matinal. Départ à 7h. Nous
prenons l'autoroute , la seule , qui va d'Abidjan vers
Yamoussoukro ,
mais sans l'atteindre. Elle fait 120 km et se termine 90km avant
d'arriver à la capitale. Aujourd'hui la capitale de la Cote
d'Ivoire est Yamoussoukro , village natal du président. C'est
là qu'il a fait construire la basilique , réplique de
celle de Rome. L'autoroute comporte deux voies séparées
par un terre-plein. Malheureusement , à part les voitures
circulent aussi des piétons , des vélos , des animaux
domestiques , des charrettes...
Comme nous sommes encore près de la grande ville d'Abidjan il
y a pas mal de circulation de camions. La chaussée n'est pas
des plus lisse. I1 n'est pas rare de rencontrer des grands trous
alors que vous roulez à 120km/h. Moi , ce qui me chagrine ,
c'est la rareté des stations d'essence. Nous en voyons
quelques fois lorsque soudain l'autoroute traverse une
agglomération. Là on se retrouve avec des croisements
à droite comme à gauche. Bref sur l'autoroute , en
ville , il vaut mieux; rouler au pas. C'est ainsi que nous traversons
des villages au doux nom de Kouassibouin , Elibou , Boussouko.
A Singrobo l'autoroute se termine. Le tracé des routes est
relativement droit. I1 y a surtout des montées et des
descentes. Quelques kilomètres plus loin nous nous
arrêtons. Un tas de voitures et de camions sont arrêtes
devant nous. Nous descendons de la voiture pour aller aux nouvelles.
A quelques centaines de mètres de là , un camion et sa
remorque sont couches en travers de la route. On se demande comment
le chauffeur s'y est pris , car la route est absolument droite. Nous
parvenants finalement à nous dégager et à nous
frayer un chemin et montant sur le bas cote de la route. Apres
210k:m, nous entrons dans Yamoussoukro , village devenu ville par la
volonté du président.
Chaque rue est une large avenue qui peut contenir 6 voies de
circulation. Ces avenues sont bordées de lampadaires tout les
20 mètres , qui pour la plupart ont perdu leur lampe. On ne
voit pas de trottoirs. Peut être sont ils caches par l'herbe
qui pousse sur les cotes. Pas d'immeuble ni de maison le long des
avenues. Cela donne une impression d'irréalité. I1 y a
quand même quelques maisons et des immeubles dans le centre. Au
loin , la basilique magnifique , semble sortir de terre au milieu de
la verdure et d'un lac. Nous visiterons la Basilique à notre
retour. A la sortie de la ville nous longeons un grand mur de
près d'un kilomètre de long qui protège la
résidence présidentielle.
Nous filons toujours vers le nord. Apres 100 km nous atteignons la
2eme ville du pays en importance, Bouaké. Au fur et
à mesure que nous progressons la végétation
change. Les cocotiers sont différents , les plantes et les
arbres sont plus petits en taille. Nous commençons à
rencontrer quelques Baobabs. Par contre le revêtement de la route qui n'a
pourtant maintenant que 2 voies , est bien meilleurs qu'avant et il y
a beaucoup moins de circulation. Nous pouvons rouler plus vite que
sur l'autoroute. Je m'inquiète car je ne vois toujours pas de
station d'essence. Nous rencontrons des villages de tisserands. A
Bouaké nous faisons une halte et nous nous attablons dans un
café pour nous désaltérer et vider nos
vessies.
Comme il est près de 11 heures nous commandons des sandwichs ,
et nous voilà repartis. Nous passons
Katiola Darakolondougou et filons vers
Niakaramandougou
où nous devons emprunter la piste qui nous mènera
à Korogo
, notre destination finale.
Je mentionne de temps en temps à notre chauffeur Alain ,
l'essence , et finalement pour me rassurer , il s'arrête
à une station dans un village. Le suffixe dougou veut dire village.
70 kilomètres après Niakaramandougou nous bifurquons
à gauche pour prendre la piste un chemin de terre de 63km.
Cela va nous permettre , en plus du dépaysement , de gagner 40
km par rapport à la route goudronnée qui nous ferait
passer par Ferkessedougou .
Nous voilà sur la piste pleine de bosse et de trous , une
véritable tôle ondulée. Comme nous l'explique
Alain , (ceux qui ont vu le film 'le salaire de la peur' comprendront
mieux;) , il faut rouler assez vite ( entre 70 et 80) pour voler au
dessus des bosses et ne pas sentir les trépidations. Nous
voilà partis , quand à la sortie d'un virage nous
rencontrons un gros trou. Cela fait un grand bruit sous la voiture.
Michèle dit . 'ça serait marrant qu'on ai fait un trou
sous la voiture'. Je me retourne et j'aperçois dans notre
sillage une traînée. Nous stoppons pour constater que
nous avons une fuite
d'essence qui coule comme un robinet qui
fuit. Demi-tour pour rejoindre la route principale et essayer de
trouver un garage.
Heureusement nous n'avons fait que 4 km sur la piste , et nous
voilà à nouveau sur la route nationale. A droite 70 km
pour rejoindre Niakaramandougou , à
gauche 45 km pour Ferkessedougou. Le choix n'est
pas difficile à faire quand on perd son essence. Nous prenons
vers la ville la plus proche , c'est à dire vers le nord ,
Ferkessedougou. C'est une véritable course poursuite. Nous
roulons à l30km/h les yeux rives sur la jauge d'essence let
aussi sur la route en priant le ciel de ne pas rencontrer d'obstacle
sur la route. Merci Alain
Giami de t'être
inquiété de la rareté des stations d'essence ,
car sur tout le chemin nous n'en voyons pas une seule. Si nous
n'avions pas fait le plein quelques kilomètres plus tôt
, nous serions déjà en rade. La jauge descend , et nous
comptons là distance à parcourir. Enfin nous entrons
dans Ferkessedougou. Ouf !. C'est un gros village avec une large rue
principale. Les bas cotes sont encombres de toutes sortes de choses
hétéroclites. Plus en retrait , des bicoques. Nos 4
paires d'yeux; sont à la recherche d'un garage. Le 1er est une
simple station à essence. Le 2ème comporte une sorte de
rampe sur laquelle on monte les voitures pour les réparations.
Nous y entrons. On explique qu'on a une fuite d'essence et il doit
nous en rester quelques gouttes , car la jauge est à
zéro . le patron du garage nous demande de monter la voiture
sur la rampe. C'est à ce moment là , en
déplaçant la voiture , que nous apercevons une grosse
flaque d'huile sous le moteur. Nous avons aussi crevé le carter. Rien
qu'à la pensée que nous roulions à 130 km/heure
avec une fuite d'huile , nous en avons des frissons à
posteriori. Nous aurions pu faire exploser le moteur. Dieu sait ce
qui se serai passé à cette vitesse.
Une fois la voiture en place , le patron envoie quelqu'un chercher
les 2 mécaniciens du coin , qui arriveront quelques minutes
plus tard. Le diagnostic est le suivant . Carter fissure à 2
endroits différents. Fuite d'essence au niveau de la jonction
du tuyau d'alimentation et du réservoir. Ce dernier
problème est vite réparé car il suffit de
remettre un collier de serrage. Les deux mécaniciens sont
maintenant occupés a démonter de le carter sous la
voiture.
Inutile de vous dire que nous n'en menons pas large , même si
chacun fait semblant d'être décontracté. La ville
la plus proche est à 60km. I1 n'y a pas d'hôtel. I1
n'est pas sûr que le carter puisse être
réparé. La station d'essence comprend entre les pompes
, une cabane en dur de 3m sur 2m. A 1 ' arrière un terrain
vague avec quelques carcasses de voiture. Sur le cote la rampe sur
laquelle on a monte la voiture. Devant la cabane un banc de 4 places
, en bois. Nous sommes assis sur le banc , face a la route , et nous
regardons passer les gens. De temps en temps Alain ou moi même
, allons aux nouvelles. I1 y a un téléphone mais il ne
peut que recevoir des appels. On ne peut pas
téléphoner. Alain part à la recherche d'un
téléphone. I1 appelle le concessionnaire Peugeot
à Korogo qui n'a pas la pièce de rechange.
Entre temps l'un des mécaniciens est parti à la
recherche d'une clé de 8
pour continuer a démonter le carter
!. En fait avant de pouvoir accéder au carter il faut
démonter le système de climatisation ; et cela n'est
pas fait pour nous rassurer. L'un des mécaniciens nous a dit
fièrement qu'il était un spécialiste du
démontage des carters !! Je ne trouve pas ça
très rassurant.
Le démontage est fait. I1 est 15 heure. Nous constatons les
dégâts , et la seule solution est de faire une soudure
pour boucher les 2 fissures. I1 y a un souder en ville et me viola
parti avec le mécanicien et le carter , pour payer le soudeur.
En route nous rencontrons Alain qui vient grossir notre groupe. Le
soudeur ne travaille pas car demain c'est
l'anniversaire de l'indépendance.
C'est la poisse. Mais le mécanicien en connaît un autre.
I1 est loin et il faut prendre un taxi. Faute de place dans le taxi
je laisse Alain partir avec lui et je reviens a pied tenir compagnie
à Adrienne et Michèle sur le banc. Nous attendons le
retour du carter en regardant passer les gens sur la route.
De temps a autre un passant vient dans la cabane , il prend un tapis
et la bouilloire et va faire sa prière sur le coté de
la cabane. Sur l'enseigne du garage il y a écrit : vidange -
mécanique - Téléphone . Ils auraient pu ajouter
. nécessaire à
prière. Au bout de 3/4 d'heure le
carter revient accompagne du mécano et d'Alain. Nous essayons
de deviner , à la mine d'Alain le résultat de la
réparation. I1 n'a pas l'air triste et nous en
déduisons que le soudeur a fait son travail. Maintenant il
faut trouver un joint , car en démontant le carter l'ancien
est parti en petits morceaux.Et voila le mécanicien reparti
à la recherche d'une plaque de liège et de colle. I1
est 16h30 lorsqu'il revient. I1 faut fabriquer un joint à la
bonne mesure dans la plaque de liège et faire des trous au bon
endroit. Cela prend encore 1/2 heure , et à 17h commence le
remontage. Un autre facteur d'angoisse c'est la nuit.
Car ici il fait nuit à partir de
18h. Comme il a fallu lh et 1/2 pour
démonter , il est probable qu'il en faudra plus pour
l'opération inverse. J'ai beau regarder dans tous les sens ,
je ne vois aucune source de lumière électrique à
cote du lieu de réparation. Toutes les pièces
démontées , boulons , écrous , vis ,
pièces , sont repartis sur le sol n'importe comment. Le
remontage commence enfin. Chaque boulon de carter est vissé ,
serré , resserré à nouveau après le
boulon suivant. Je fais la navette entre la voiture et le banc , et
j'annonce à chaque fois : " Boulon
n°2 en place " et ainsi de suite. I1
doit bien y avoir une vingtaine de boulons. A ce train la , la nuit
sera tombée avant la fin. La nuit tombe rapidement. Les deux
mécaniciens s'affairent pour fabriquer une lampe de fortune
qu'ils branchent se0r la batterie de la voiture. I1 faut trouver un
enfant africain pour 'tenir la chandelle' pendant qu'ils travaillent.
A cause de la nuit le remontage est plus difficile et plus lent.
ENFIN vers 19h 30 on remet de l'huile et de l'essence pour
contrôler qu'il n'y a plus de fuite. C'est l'heure de
vérité. Le test est concluant nous allons repartir. Le
temps de payer , et nous voila sur la route de Korogo que nous
atteignions vers 20h 20 sans encombre.
I1 est fort probable qu'a ce
jour , le soir , dans les cases de FERKESSEDOUGOU , à la
veillée , on raconte qu'il n'y a pas si longtemps , 4 toubab
(des blancs) , ont passé une après midi entière
, assis sur un banc , à regarder passer les gens sur la route.
Ils sont fous ces toubab !.
A l'hôtel
du Mont Korogo nous prenons 2 chambres et
nous nous douchons avec déliée. Ensuite nous allons
manger dans le restaurant de l'hôtel. La conversation tourne
autours de nos avatars , et nous en parlons en riant maintenant,
soulages de nous être sortis de ce mauvais pas. Dans le jardin
de l'hôtel , sous une grande pergola , commencent a arrives les
invites d'un mariage
musulman. Bientôt la sono nous
emplis les oreilles et pour corser le tout une 'grillote' vient nous seriner
sa mélopée nasillarde. Cinq minute c'est tenable mais
plus cela devient impossible. La grillote est une personne (c'est
probablement son métier) qui chante les louanges des
maries.
C'est toujours le même refrain. On ne comprend pas ce qu'elle
dit. De temps à autre on un mot. Chaque refrain semble
dédie à une personne. La mariée , le marie ,
chaque père , chaque mère , et ainsi de suite. A chaque
fin du refrain on croit que c'est la fin , et allez donc ça
repart à nouveau pour un tour. En quittant la table vers 22h
elle chantait toujours. Nous allons nous coucher en espérant
que la grillote nous laissera dormir. A cause de notre carter nous
avons décide de reprendre le chemin du retour demain matin ,
afin d'être à Abidjan dans la soirée. Nous ne
pouvons pas prendre le risque de nous balader sur les pistes pendant
2 jours , comme nous l'avions prévu. Dommage. !
SAMEDI 07.12.91
Départ vers 7h 300 , nous prenons notre
petit déjeuner dans le jardin de l'hôtel. A cote de nous
, une grande cage occupée par un perroquet qui refuse
obstinément de nous parler. Le Jardin est très
intéressant. I1 y a toutes sortes de plantes et de fleurs
différentes qui chacune portent une étiquette avec leur
nom. C'est en quelque sorte un petit jardin des plantes. Sous un
énorme caoutchouc (comme ceux qu'on trouve dans les
appartements) de 20 mètres de haut , des tortues
géantes. Nous en profitons pour demander quelques boutures que
nous voulons ramener à Mougins.
Vers 9h 30 nous quittons KOROGO par la route
goudronnée. Nous faisons exactement le chemin inverse. Nous
traversons FERKESSEDOUGOU que nous saluons au passage. Un peu plus loin sur le cote
droit de la route , un village. Nous descendons et demandons la
permission de visiter le village. Celui ci est séparer de la
route par un petit champs cultivé. I1 comprend plusieurs cases
d'habitation et des cases plus basses et plus étroites dans
lesquelles on garde le grain. Nous ne voyons au premier abord que des
enfants. Un seul comprend le français et va nous servir
d'interprète. I1 nous emmène plus loin voir un vieil
homme assis devant une case. I1 se lève mais ne s'avance pas.
Nous devons aller vers lui pour le saluer. I1 nous donne la
permission de nous promener dans le village. Nous ne voyons qu'un
seul autre homme. Les autres sont peut être en train de
travailler aux champs. Un femme allaite son bébé puis
le lave dans une bassine. Nous reconnaissons ici et là , des
tabourets , des instruments , que nous avions vus à Abidjan
chez Mr Ferari. Un grande femme maigrichonne vient nous voir pour
nous saluer. Elle fait des grandes courbettes en dansant d'un pied
sur l'autre et en émettant des sons inintelligibles.
Apparemment elle est sourde et muette.
Quand Adrienne passe la main sur la paroi extérieure d'un
réservoir à grains pour en éprouver la sensation
, tous les enfants éclatent de rire. Les habitants de ce
village situe dans le nord du pays , sont des SENOUFO. Chaque région de
la Côte d'Ivoire a des tribus différentes. Les
frontières du pays n'étant pas des frontières
naturelles , certaines tribus peuvent se trouver à cheval sur
deux; ou trois pays à la fois.
Grosso modo au nord c'est la tribu des SENOUFO. Au nord ouest
les MALINKE. Au
nord-est les HOULANGO. Au sud-ouest les GERE et les BETE. Au centre
les BAOULE . Et
à l'est les AKAN. Il existe aussi une tribu que les africains appellent
les NOUSMANGE ,
car il paraît qu'ils furent dans le passé des
cannibales.
Nous reprenons la route , et quelques dizaines de Km plus au sud nous
arrêtons dans un village des
tisserands. Comme le village est plus
près de la civilisation nous avons droit à une demande
de pourboire avant toute chose. Sur le bord de la route il y a 2
tisserands. La machine est très simple et astucieuse. Les fils
de différentes couleurs sont tendus sur une dizaine de
mètres entre une grosse pierre et le métier où
est assis l'ouvrier. Celui ci est assis sous un auvent à
l'abri du soleil et manipule une navette avec une
dextérité incroyable. A tel point que je lui demande de
faire son mouvement au
ralenti. Expression
cinématographique par excellence qu'il ne comprend pas. A
force de gestes , il fini par comprendre , mais l'exécute avec
beaucoup de difficultés , tant il est habitué à
le faire à toute vitesse. Son mouvement de la main est aussi
coordonne avec celui des pieds , car il manipule en même temps
2 pédales en bois reliées au métier par des
ficelles. Au fur et à mesure qu'il progresse , il tire
à lui la grosse pierre attachée au bout des fils. La
progression est de 300cm par demi heure environs. La largeur du tissu
est de l5cm. Par la suite toutes ces bandes de l5cm seront cousues
ensemble de façon à avoir une pièce plus
large.
Vers 13h nous arrivons à YAMOUSSUKRO. Nous partons a la
recherche d'un restaurant tenu par des niçois. Nous ne
connaissons pas l'adresse mais nous le trouvons quand même. Le
femme tient le restaurant. Ils sont la depuis 15 ans. Ils ont 2
filles et un garçon. Le mari travaille dans le bâtiment.
Aujourd'hui c'est l'anniversaire de l'indépendance , mais dans
la rue il n'y a pas de différence par rapport aux; autres
jours. Pas de défilé. Pas de fanfare. Nous
déjeunons entoures des enfants et de la patronne qui
n'arrête pas de parler. Vers 14h 30 nous partons pour
visiter la basilique.
Quel monument ! Elle est grandiose. Nous nous en approchons pas une
allée et nous avons l'impression d'être de petites
fourmis. A l'extérieur se dressent des colonnes immenses.
L'intérieur est magnifique , mais c'est une étuve. On
nous explique qu'il y a un système d'air conditionné
mais qu'on a pas les moyens de payer l'électricité pour
faire marcher les machines tous les jours. Les vitraux immenses sont
plus beaux; les uns que les autres. Nous prenons un guide qui nous
emmène un peu partout. Nous accédons à
étage supérieur 30m plus haut) par un ascenseur qui
monte à l'intérieur d'une des colonnes. En haut ,
encore des vitraux et une vue magnifique sur le dôme et la nef.
Puis nous allons sur les terrasses qui toutes ensemble forment une
croix; vue d'en haut. Aux alentours on aperçoit des jardins
à la française , bien entretenus.
DIMANCHE 08.12.91
Comme le dimanche précédant nous
allons passer la journée à la plage d'Assinie. Cette fois ci nous ne
prenons pas le chemin des écoliers et nous restons sur la
route principale. A la plage nous rencontrons des amis d'Alain et
Michèle. Aujourd'hui la marée est au plus bas et nous
pouvons nous avancer dans l'eau une bonne centaine de mètres
en ayant toujours pied. I1 y a de grosses vague et à tour de
rôle nous nous amusons à nous laisser pousser par la
vague , accrochés à une planche. Pour ma part je
réussi à m'écorcher les genoux et s'en est fini
de la planche. Nous déjeunons dans le même restaurant
que la dernière fois (toujours des langoustes grillées)
et nous repartons vers 15h30.
Nous avons l'intention de nous arrêter au retour sur le bord de
la route pour faire des achats de dernière minute. Apres Grand
Bassam nous stoppons donc. I1 faut marchander encore pour
acquérir deux statuettes en ébène. L'une est un
éléphant et l'autre un hippopotame. Les prix
dégringolent très vite , et l'affaire et faite.
LUNDI 09.12.91
Ce matin sans nous presses , nous allons chercher
les pantalons que nous avions commandé la semaine
dernière pour Jean Pierre et moi même dans le quartier
de Treshville. Nous récupérons mes pantalons seulement
car ceux de Jean Pierre ne sont pas encore prêts. Adrienne ne
nous a pas accompagnes , elle essaie de se reposer. Dans la
foulée nous prenons un taxi pour aller chez le vendeur d'art
africain Mr Ferari où Michèle doit prendre un cadeau
qu'elle avait commande pour Alain. Du même coup , elle
reçoit aussi un cadeau du propriétaire , qui lui offre
une 'planche à laver' africaine. Sans doute parce qu'elle lui
envoi beaucoup de clients.
De retour a la maison il me faudra témoigner devant Alain que
c'est un cadeau et que Michèle ne l'a pas paye.
L'après-midi nous allons prendre une glace dans un quartier
appelé la zone 4 , situé sur la route de l'aéroport. C'est
une grande pâtisserie salon de thé tenu par un libanais.
Tout près de là , nous allons acheter des montres
à bon marche , qui sont des copies de Cartier ou Rollex. Une
fois de plus Michèle marchande pour nous.
Le soir nous allons dîner chez Dominique. I1 y a là
parmi les invites , un couple d'africain. Lui vient du Burkina. I1
est anesthésiste à l'hôpital d'Abidjan. Elle est
infirmière. Elle est ivoirienne , de la tribu de Baoules. Dans
beaucoup de tribus ivoiriennes , le prénom donne aux enfants
est souvent celui de leur jour de naissance. Suivant qu'on soit
né un mardi ou un vendredi on s'appellera Mardi ou Vendredi en dialecte africain. Notre voisine s'appelle "Mercredi". La soirée est
des plus agréable et nous rentrons nous coucher assez
tard.
MARD I 10.12 .91
Comme nous avons tellement fait de choses depuis
notre arrivée merci à Michèle et Alain , il
reste de moins en moins d'endroits que nous pourrions visiter. C'est
pourquoi aujourd'hui nous allons passer la journée à
la piscine du golf. Cet endroit est situé dans la banlieue d'Abidjan
sur une colline. C'est très beau et là encore le prix
d'entrée exorbitant pour un africain , opéré une
sélection presque raciste , puisque les seuls clients
présents sont blancs. Le complexe comprend outre le terrain de
golf , 2 grandes piscines , bar , restaurant....Nous passons
pratiquement la journée dans l'eau. Outre Genevieve qui nous a
gentiment emmenés dans sa voiture , Dominique qui nous avais
accompagnés à Treshville nous a rejoint. Cette
deuxième semaine de notre séjour est la semaine des
invitations. En principe en 5 jours nous étions invites 4
soirs. Mais nous ne pourrons en assurer que 4.
Ce soir nous allons chez Françoise et Jacques Le mari
travaille aussi à la CIE. Pour une raison dont je me rappelle
pas , Michèle a été contrarie et est de mauvaise
humeur. A cela s'ajoute une migraine (ou à cause de cela) qui
lui gâche son dîner.
MERCREDI 11.12.91
Ce matin Michèle est malade. Adrienne est
malade. Alain est malade (nous ne l'apprendrons que plus tard dans la
journée). Le seul vaillant c'est moi. Suliman en est tout
retourné. I1 ne sait plus ce qu'il fait. I1 n'ira pas à
son cours de Français cet après-midi tant il est
effraye par la situation. Par contre il fera quelques prières.
Moi je vais à la pharmacie faire quelques emplettes de
médicaments pour essayer de les soigner. Vers 14h , cela va
déjà mieux et ave Geneviève qui me sert de
chauffeur et de guide , nous allons au marche de Cocody pour
récupérer les 2 paires de chaussures et le sac
commandes par Adrienne.
Le soir Adrienne , Michèle et moi allons dîner dans l'un
des restaurants de l'hôtel Ivoire. Ce soir là Alain est
occupe avec des 'huiles' de sa boite venus de Paris.
JEUDI 12.12.91
Notre séjour touche à sa fin. Nous voudrions ramener quelques plantes avec nous , pour essayer de les replanter en France. Toujours en compagnie de Geneviève nous partons voir plusieurs pépinières pour y faire notre choir. En fin d'après midi nous commençons à faire nos deux valises puis nous allons les préenregistré en ville , afin éviter de le faire le matin du départ à l'aéroport dans la cohue.
VENDREDI 13.12.91
retour à NICE